portrait d'Alice

Mes questions à Alice, artisane fleuriste

Les mains d’Alice se sont posées sur mes sacs le temps d’une matinée, lors de notre shooting photo fin février, mais dans la vraie vie, Alice est fleuriste.

J’ai découvert son métier bien après lui avoir demandé de poser avec mes sacs. Pour tout vous dire, j’ai rencontré Alice chez Böw, c’était fin décembre, je revenais de quelques courses et elle venait faire des emplettes, j’ai trouvé cette fille tellement jolie que je lui ai tout simplement demandé si elle accepterait de faire des photos pour Sacadidie, vous connaissez la suite, elle m’a dit oui !

Quel heureux hasard – moi qui cherche à valoriser l’artisanat avec « Demains » – d’apprendre après coup que ma future modèle était elle aussi artisane… Ce fut vraiment une belle surprise et plus qu’un hasard, ce signe sera dorénavant la promesse des autres shooting (un modèle artisane).

Alice  a 28 ans et habite depuis presque un an un petit village du Gers, L’Isle-Jourdain. Je vais la laisser vous parler de son métier, de son rapport au « fait main »… puisqu’elle a accepté de répondre à quelques-unes de mes questions pour « Demains ».

Comment es-tu devenue fleuriste ?

Après un master en Langues étrangères appliquées à l’économie internationale, j’ai pris une année sabbatique. J’étais sûre de ne pas vouloir travailler dans cette branche alors je me suis donné un an pour trouver. C’est par hasard, en regardant le dessin animé Bee (une abeille qui tombe amoureuse d’une fleuriste) que j’ai été séduite par l’idée d’avoir une petite échoppe pleine de fleurs. Les souvenirs de mon enfance sont revenus par vagues. Ma mère très créative est passionnée de fleurs et de plantes, je l’ai toujours vue faire elle-même ses compositions, et enfant j’adorais la regarder faire, donner mon avis, essayer, mettre mes doigts dans la mousse… J’ai appelé l’École des fleuristes de Paris et je commençais mon CAP 3 mois après 🙂

Quel type de paysages naturels t’inspire le plus pour tes compositions ?

J’aime les paysages sauvages où la seule règne la nature. Verts ou secs, les végétaux libres. Une pampa, une jungle, juste une branche par terre.

Comment définirais-tu ton style ?

Mon style est vulgairement appelé champêtre. J’aime à penser qu’il est plutôt sauvage destructuré. Ma devise dans la création est de ne jamais contrarier le végétal. Tordu, « moche », bizarre. Je l’utilise et façonne toute ma création autour de lui.

Qu’est-ce qui t’inspire ? Qu’est-ce qui donne l’impulsion de la création ?

Les créatifs m’inspirent. Des gens qui n’utilisent jamais de végétaux, ni de fleurs. Quand une danseuse m’émeut, un chanteur me donne des frissons, un artiste visuel sort une vidéo transcendante, quand il y a de l’orage, du vent… J’ai envie de faire un bouquet qui retranscrit mes émotions. C’est pour ça que je propose le bouquet de la semaine. Différent chaque mardi, il est le combo de mes émotions. J’aime le présenter comme la création de la semaine.

Quelle est ta saison préférée ?

Je n’ai pas forcément de saison préférée, au milieu de chaque saison j’ai hâte qu’on arrive à la suivante.

En quoi le métier de fleuriste est-il un métier artisanal ?

Il y a, au-delà de l’aspect esthétique d’un bouquet, toute la partie savoir-faire qui consiste à faire en sorte qu’un bouquet dure malgré le côté éphémère des fleurs, et qu’il reste joli séché. Toute la technique autour de la création d’un bijou ou d’une structure de type arche… Un fleuriste est artisan dans sa façon de trouver un moyen de réaliser une pièce unique en pensant sa conception de A à Z. Il y a aussi notre identité qui nous démarque de la fleuristerie de grandes surfaces.

Quel est ton rapport au travail manuel ? au fait main ?

J’ai un grand respect, un peu d’amour aussi pour les choses faites à la main, leur histoire. Je préfère avoir une très belle pièce faite main plutôt que 5 issues de la grande distribution.

Revendiques-tu l’itinérance dans ton travail ou aspires-tu à travailler en boutique ?

J’aspire à avoir un lieu modulable. Une boutique de fleurs ouverte à d’autres artisans et artistes. Une sédentarité nomade.

De quelle utopie commerciale rêves-tu ? La vente directe est-elle LA solution pour une petite entreprise ?

Je souhaite être une fleuriste locale, de proximité, et une décoratrice qu’on sollicite quelques fois par an pour un projet à l’autre bout du monde. La vente en directe n’est pas forcément la seule solution pour une petite entreprise mais en tant que fleuriste, c’est un lien que je souhaite préserver. Je ne suis pas pour les envois de fleurs, même au niveau national.

Quelles sont tes contraintes d’artisane ? A contrario, quels sont les avantages de la petite entreprise ? (Pour toi, pour les clients…)

Ma première contrainte, c’est le coût de ma matière première qui est éphémère. Une fleur que j’achète aujourd’hui doit être revendue maximum dans deux jours et ça, ce n’est pas simple à gérer. Ensuite je me confronte tous les jours, j’imagine comme chaque artisan, aux clients mal habitués qui ne comprennent pas que ma fleur ne soit pas au même prix que chez Monceau fleurs.

L’avantage de la petite entreprise, c’est avant tout la flexibilité. On s’adapte au cas par cas et on propose du sur-mesure. C’est important pour les mariés qui passent par moi par exemple, qu’on ait une relation de proximité et de confiance, qui, je pense, est moins simple avec une grande entreprise avec plusieurs interlocuteurs. Pour moi, c’est aussi l’assurance d’une clientèle fidèle qui me recommande parce qu’elle connaît mon travail ET un peu ma personnalité.

Quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui souhaiterait se lancer dans le métier de fleuriste ?

Être passionné et ne pas s’enfermer dans un style avant d’avoir tout découvert. Être patient, endurant. C’est un métier aux conditions difficiles et il y a un chemin semé d’épines avant de s’épanouir.

Et sinon tu referais une séance photo pour Demains.fr ? 😉

À l’aiiiiise ! Surtout s‘il fait moins froid 😉

Retrouvez Alice et son bouquet de la semaine

sur son site : https://jungle-utopia.com/

et sur le marché de Plaisance du Touch, tous les samedis.

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