La révélation !

Il y a quelques jours, lors d'une discussion, je commence à parler de mon entreprise, de cette  passion pour les sacs, de mon travail d’artisane, bref, j’explique mon positionnement :
 

« Je choisis des matières premières nobles, naturelles et je veux proposer des modèles simples, beaux (j’essaye en tout cas) et surtout «accessibles» ».

Qu’est-ce que ça veut dire accessible ? 

Accessible au plus grand nombre, c’est cette volonté que mes créations ne soient pas « trop cher » lui dis-je. Je veux qu’une fille comme moi
puisse s’acheter un de mes sacs et je conclue en expliquant que c’est pour moi un choix essentiel.  J’aborde aussi le sujet de la rémunération et là,  je ne cache pas la réalité financière de mon entreprise car même après 13 ans d’existence, je ne me verse pas un salaire à la hauteur du nombre d’heures effectuées.
Lorsque mon interlocuteur me questionne sur la pertinence de mes choix, je ne déroge pas sur mon positionnement et je me noie dans les arguments, rien n’y échappe ou presque : Le mi-temps, Instagram et sa difficile visibilité, ma
VAE l’année dernière, la guerre, le covid….
 
Seulement voilà, la réalité est que je calcule mes prix rapidement pour pouvoir répondre à cette injonction de devoir faire des créations «accessibles ».
 
 Je n’ai pas pu nier le fait que le choix des matières, le temps de confection,les salons, l’atelier… Tout ça,  a un coût réel.
 

L’équation est donc simple.

Si je ne veux pas que mes créations soient trop chères mais que je m’applique à utiliser des jolies matières et à y passer du temps, c’est donc moi qui paye ce que je ne veux pas imposer aux autres. Le coût de ces choix m’est donc imputé à moi.

Très sincèrement, écrire ces quelques mots n'est pas si simple. Ça à l'air si évident, mais je vous assure que la révélation s’est faite il y a quelques semaines. Le plus fou dans cette histoire, c’est que je fais partie de ces personnes qui motivent les artisanes que je connais très bien,  à ne pas brader leur magnifique travail  au motif d'avoir peur d’être trop cher…

Alors comme me l'a rappelé cette conversation, créer des sacs: c’est une passion certes mais c’est aussi mon travail et comme tout travail, j’ai le droit d’être payée correctement pour mon investissement. Je n’ai pas à supporter, le coût de ce que je ne veux pas imputer aux autres sous par peur d'être jugée « Trop cher ».

Mes valeurs, ce que je défends par-dessus tout ce n’est pas un « petit prix » mais un prix juste. L’écrire ici, c’est partager avec vous mes réflexions, mes révélations, mes contradictions mais c’est aussi et surtout un moyen de l’intégrer et de (soyons fou) recalculer mes prix , le prix réel, le prix juste de mes créations et sans faire intervenir mes peurs et jugements.

Aujourd'hui, j'aime à me rappeler cette phrase :

 » Vous avez le droit et ce n’est pas un mérite, d’être payée dignement pour votre travail ! »

1 Comment
  1. 1 juin 2023 at 21 h 01 min Reply

    Bonjour Élodie, je te connais depuis mes débuts en tant qu’artisan (2011) et j’adore ton travail. Je me suis offert un de tes sacs en 2016.
    Ce que tu dis du prix de tes créations est un vrai sujet dans nos métiers. Moi il m’a fallu 12 ans et une séparation pour qu’enfin je me décide a regarder en face ce qui ne pouvait plus continuer dans mon entreprise. Le paradoxe avec notre métier est qu’on gagne peu d’argent mais qu’on cible une clientèle qui en a… C’est difficile de fixer un prix auquel nous même ne pourrions pas acheter ces créations. C’est paradoxal et finalement assez injuste.
    Alors j’ai pris le temps de recalculer tous mes prix, en me chronometrant sur chaque étape de la fabrication, en tenant compte de l’augmentation des matières premières mais aussi du coût de la vie, des charges sociales que je n’avais jamais inclus dans mes calculs approximatifs, et du coup j’ai augmenté mes prix.
    J’ai expliqué tout ça a mes clients, sur les réseaux sociaux et j’ai reçu beaucoup de compréhension.
    Alors même en augmentant tes prix, au plus juste pour toi, tes clients seront tjs fidèles. J’en suis sûre.
    Amicalement. Danièle Lemayen (Mes pTis Sages a la Réunion maintenant !)

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